Il fut un temps…

 “On est toujours trop riche quand on déménage.”

C’est en rangeant mes affaires pendant mon déménagement que suis tombée ( entre autres trésors) sur ces petits textes oubliés. Le plus vieux date de 2002, j’avais seulement dix ans ! Je les partage parce que j’en ai envie, et parce que ça m’a fait plaisir.


Terre morte (Dakar, 2002)

La terre n’est faite que de haines,

De mystères, de violences, de peurs et de peines.

Elle est mère de la nature,

Elle est douce mais pas toujours pure.

En des endroits elle est nue,

Et à d’autres elle est vêtue.

Composée de d’océans de mers, et de continents,

Eux-mêmes emplis de forêts, de villes et d’habitants,

Les vivants ne savent comment la remercier

Car il existe encore guerres et aucune pitié.

À cause de nous, Hommes, bientôt ce sera la fin.

Tous seront sacrifiés ! Terre, animaux, humains.

Mais un jour, nouvelle Terre naîtra.

Animaux, insectes, mais pas d’humains il faudra.

Et nouvelle Terre vivra.

 


 Introspection (Bangui, 2008)

Nous sommes tous des explorateurs. Nous avons tous un but, ce quelque chose qui nous pousse à vivre, à survivre. Nous ne savons pas si il existe vraiment, si son existence peut être prouvée mais nous en ressentons la présence chaque jour, au fin fond de nous. Et d’un autre côté nous savons que ce but nous ne l’atteindrons jamais. Nous ne voulons pas l’atteindre. Car atteindre ce but signifie qu’il faudra affronter l’inconnu et trouver une nouvelle raison de vivre. La peur nous ralentit. Mais c’est peut-être pour le mieux. Car l’important ce n’est pas le but, mais bien le voyage. C’est peut-être ça aussi le but : l’exploration.

 


Évasion (Montréal, 2015)

Dans un petit chalet sur le flanc de la montagne, musique naija dans les oreilles, des arbres à perte de vue, mes pieds nus sur le sol frais, l’odeur de l’herbe fraîchement coupée au bord de ce petit ruisseau… Il fait bon vivre ici.
À travers la baie vitrée, j’ai regardé l’horloge du salon. Une citation y était inscrite : « Ici le temps s’arrête ». Et, pour la première fois depuis bien longtemps, je me suis laissée emporter. J’ai ressenti l’évasion, le sentiment de liberté, l’oubli de l’oppression quotidienne.
Vous souvenez-vous la dernière fois que vous avez dansé un zouk en fermant les yeux ? Souvenez-vous les pas instinctivement devinés, vos mains fiévreuses, le rythme de la musique et celui de vos cœurs confondus. Sentez-vous le temps ralentir autour de vous ? En cette belle matinée de juin, cette image reflète mon état d’esprit actuel. C’est l’abandon. L’évasion.
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★ Beautiful Blogger Awards ★

Un article spécial, pour des personnes spéciales !

Le principe est simple,  vous remerciez la personne qui vous a taguée et vous faites découvrir 7 autres blogs de votre choix et les blogueuses taguées font de même (si ça les tente!).

Merci à Issa du blog Elle Transitionne de m’avoir choisie !

Elle transitionne

Elle Transitionne c’est LE blog conseils, astuces et recettes naturelles pour gérer sa transition capillaire et ses cheveux crépus ! Issa sait comment stimuler et inspirer ses lectrices. À travers ses images et ses mots, elle nous communique sa « nappy attitude » page après page, cheveu après cheveu ! Après quelques pages, tout ce dont on a envie c’est de se couper les cheveux pour mieux recommencer. À bientôt pour mon big chop !

Merci encore de m’avoir choisie !

Et maintenant, ma sélection des « beautiful blogueuses » que je vous invite à découvrir :

Ciaafrique par Assa

Ciaafrique

Lancé en 2008 par la belle Assa, Ciaafrique s’est donné pour mission de promouvoir les designers originaires du Continent. Entre ses lookbooks, ses conseils mode et ses éditoriaux, ce blog a des allures de magazine centré uniquement sur la beauté, la haute couture et le style africains. Une inspiration au jour le jour, et une admiration sans précédent pour cette femme que je suis depuis 2011.

La devise du blog : « Africa got talent »

Créativité Bien Ordonnée par Tatou Dembélé

Tatou

Artiste peintre, photographe, illustratrice, entrepreneure, Tatou Dembélé multiplie les accomplissements. Avec ce blog, Tatou nous offre un monde aux touches aussi colorées que sa personnalité, un monde entre ordre et créativité, entre art et écriture. À savourer absolument dans une pièce aussi blanche qu’un canevas, que vous repeindrez en entrant dans son atelier bien ordonné.

La devise du blog : « Ne jamais abandonner, les bonnes choses prennent du temps. »

Expression ! par Josée Maria

Josee

Je reprendrais ses propres mots pour décrire le blog de Josée, je pense qu’ils sauront vous convaincre d’eux-mêmes : « Une Passionnée et Amoureuse des lettres je suis ! Pour moi l’écriture est bien plus qu’une simple juxtaposition de mots. L’encre des mots est à mon sens empreinte d’une symbolique et d’une profondeur qui font voyager les lecteurs… Par ces mots qui sont devenus une part de moi, j’aimerais donc partager avec vous ma passion trouvée et chérie pour l’écriture. »

La devise du blog : « À quoi servent les livres s’ils ne ramènent pas vers la vie, s’ils ne parviennent pas à nous y faire boire avec plus d’avidité ? »

Les Gourmandises de Karelle par Karelle

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Karelle, ah Karelle… Si seulement tu n’étais qu’une bonne cuisinière derrière tes fourneaux… Mais non, il a fallu que tu crées ce blog et cette page Instagram qui me font saliver tous les matins. Entre ses photos et ses recettes, Karelle nous apprend comment faire plaisir et se faire plaisir en dégustant de magnifiques pâtisseries, des plats d’ici et d’ailleurs, des mignardises originales et j’en passe ! Comme une enchanteresse, Karelle fait de la magie dans sa cuisine et ses recettes sont un grimoire dont on dévore les pages avec avidité.

La devise du blog : « Les Gourmandises de Karelle c’est le quotidien d’une femme qui aime manger et qui aime faire à manger. »

The Mint Sorbet par Miantsa V. R.

themintsorbet

La belle Miantsa se définit elle-même comme une « unconditional beauty lover » toujours à la recherche d’inspiration ! Quand elle n’est pas dans sa cuisine à expérimenter de nouvelles recettes, elle parcourt la ville à la recherche de trésors cachés culinaires et de son prochain restaurant favori ! Véritable patchwork aux couleurs acidulées, son blog The Mint Sorbet nous invite dans son univers gourmand et au cœur de sa personnalité pétillante. Boisson suggérée : un margarita à la framboise !

La devise du blog : « Looking for the end of the rainbow »

Mylène Flicka | Osez ! par Mylène Flicka

Mylene

Mylène Flicka fait partie de cette race de gens fougueux qui, l’arme de l’écrivain au poing, crèvent les abcès et conduisent les foules. Chacune de ses publications me fait battre le cœur. Entre politique, littérature, critiques et autres, Mylène ne mâche pas ses mots et est de la génération de ceux qui changeront le Bénin, j’en suis persuadée.

Le motto du blog : « La passion en berne, je n’ai les lettres que pour être. J’écris pour ressentir, je lis pour vivre. Que dire de moins, que dire en plus si ce n’est cette certitude: Je vais faire un carnage. »

Sunshine’s Firewords par Sokhna Fatim Niang

Sunshine

Sunshine’s Firewords par Sokhna Fatim Niang c’est tout le multiculturalisme canadien allié à la téranga sénégalaise. Mais Sunshine c’est aussi et surtout de la photographie, des textes poignants, des rires, quelques larmes, des émotions vibrantes… Elle m’emporte. Son blog semble en pause mais j’espère qu’elle nous reviendra vite !

La devise du blog : « Thousands of candles can be lighted from a single candle, and the life of the candle will not be shortened. Happiness never decreases by being shared. »

« We write the words that we cannot yet speak »

Et si c’était moi ?

Je hais le train. Ses petites toilettes exiguës, ses sièges étroits, les publicités qui font croire à vos patrons que c’est la parfaite alternative pour les voyages d’affaires… Alors qu’on sait tous que le seul point positif du train c’est qu’en classe affaires on double tout le monde dans les files. Mais, vous me direz, c’est pareil pour tous les transporteurs. Enfin bref, vous le direz à mon patron. Me voilà donc dans le wagon-restaurant de ce train, en pleine dégustation goulue d’un sandwich jambon-fromage.

*****

Je ne l’aurais pas remarquée si un bout de salade ne s’était échappé de mon sandwich. C’est en me relevant, les doigts pleins de mayonnaise, que je l’ai vue. Juste en face de moi. Discrètement attablée dans un coin du wagon, elle semblait une statue grecque. Une profonde sérénité émanait d’elle, et son immobilité en ajoutait à son charme. Un petit rayon de soleil caressait tendrement sa belle peau caramel et ses longues tresses lustrées. Une seule de ses veines, celle de son cou fin et doux, palpitait régulièrement, trahissant son humanité.

Je la dévisageais. J’étais captivé. Elle ne vivait que pour moi. Elle lisait un livre plutôt banal,  d’un auteur peu connu. Elle en tournait les pages avec grâce et tendresse; on sentait toute la douceur de ses mains aux longs doigts fins. Je lisais ce livre sur son visage. Ses yeux vifs couleur cacao en reflétaient chacune des phrases. Elle vivait chacune des émotions créées par cette fiction.

Sa sérénité naturelle la quittait quand l’action s’intensifiait dans son livre; ses sourcils se fronçaient, sa respiration se précipitait, la veine de son cou battait rapidement. Elle tournait les pages précipitamment, les lisait en diagonale.

Brusquement, son visage s’est figé, ses yeux se sont remplis de larmes qu’elle s’est efforcée de retenir. J’ai compris. Ce n’était plus une fiction, c’était sa propre histoire qu’elle revivait.

J’ai lu en elle comme dans un livre ouvert. J’y ai vu sa vie, son enfance difficile mais heureuse, ses craintes, ses rencontres, ses déceptions, ses envies. Peut-être parce que j’ai déjà lu ce livre. Ou peut-être parce que j’ai toujours su.

J’aurais voulu lui dire : « – Ne t’inquiète pas, je suis là. J’ai lu la fin du livre. Je serais toujours près de toi, je ne te quitterai plus jamais, c’est promis ». J’aurais voulu la serrer dans mes bras, blottir mon visage contre sa nuque délicate, lui murmurer des mots rassurants au creux de l’oreille.

Mes mains poisseuses de mayonnaise et de gras m’ont ramené à la réalité. Je m’en voulais de ne pas pouvoir quitter mon siège, d’être marié, d’avoir vécu cette vie sans elle.

*****

Arrivée à la gare de X. J’ai fermé les yeux quand je l’ai vue ramasser ses affaires. Je me suis installé confortablement dans ce siège étroit, les mains crispées sur les deux accoudoirs. Je ne voulais pas la voir partir. En manquant cette femme, j’avais la sensation d’avoir manqué ma vie.

En ouvrant les yeux j’ai aperçu une feuille, sans doute arrachée de son livre, posée sur la table à laquelle elle était assise. Je vous laisse, il faut que je me dépêche, elle m’attend sur le quai.

Entre vie et vis-à-vis.

« Quatre comportements intérieurs définissent l’ignorance et les souffrances des hommes :

  • Le sentiment d’individualité. Face au succès : « Je suis intelligent »… Face à l’échec : « Je n’y arriverai jamais. »
  • L’attachement au plaisir : la recherche du perpétuel contentement comme seul objectif.
  • La complaisance dans la dépression : la hantise de souvenirs malheureux qui incite à se venger et à s’opposer à son entourage.
  • La peur de la mort : le besoin maladif de se cramponner à son existence, preuve de son individualité. Plutôt que d’accepter de vivre jusqu’à la mort en profitant de la vie ici-bas pour mieux développer son être. »

Mythologie indienne

« Une vieille légende hindoue assure qu’il y eut un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tant de leur divinité que Brahma, le maître des dieux, décida de leur ôter le pouvoir divin et de le dissimuler en un lieu où il leur serait impossible de le retrouver. La difficulté fut de trouver la bonne cachette.
Convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, les dieux mineurs suggérèrent : « Enterrons la divinité de l’homme dans la terre. » Brahma répondit : « Cela ne suffira pas car l’homme creusera et la trouvera. »
Les dieux mineurs proposèrent alors : « Dans ce cas, jetons la divinité au plus profond des océans. -Non, dit encore Brahma, car tôt ou tard l’homme explorera les profondeurs des océans et il est certain qu’un jour il l’y découvrira et la remontera à la surface. »
Les dieux mineurs conclurent : « Nous ne savons pas où cacher la divinité puisqu’il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d’endroit que l’homme ne puisse atteindre un jour. »
Brahma réfléchit et rendit son verdict : « Voici ce que nous ferons de la divinité de l’homme : nous la cacherons au plus profond de lui-même car c’est le seul lieu où il ne pensera jamais à la chercher. »

Et depuis, dit la légende, l’homme a fait le tour de la Terre. Il a exploré, escaladé, plongé et creusé sans jamais découvrir ce qui se trouve en lui. »

 J’ai parcouru tous les pays
J’ai franchi des monts escarpés.
J’ai traversé toutes les mers
Et je n’ai rien trouvé d’heureux
Je me suis condamné à une vie de misère
Et j’ai rempli toute ma chair de douleur.


Extraits inspirants du livre Les Thanatonautes de Bernard Werber.

Longtemps j’ai eu peur de la mort. Ou plutôt, j’avais peur de quitter la vie. La vie, c’est tout ce que je connais, je suis donc j’existe. Mais je n’en ai qu’une seule et j’oublie par moments qu’il faut que j’en profite. J’oublie qu’il faut avoir la meilleure vie que l’on puisse rêver afin de n’avoir aucun regret au moment du jugement dernier. Un peu comme l’homme dans la mythologie hindoue, je cours encore et encore, en ressassant mon passé, en craignant mon futur et en manquant mon présent.

Une insolite rencontre

« L’important ce n’est pas l’endroit où l’on est, c’est l’état d’esprit dans lequel on est. »

Cette impression qu’on a de toujours tomber dans la médiocrité; l’appel de la facilité. Après tout on n’échoue pas lorsqu’on n’essaie pas. Mais là encore ce n’est pas moi. J’ai perdu la partie de moi-même qui visait toujours plus haut. Et mes yeux mouillés ce soir prouvent que mon cœur est sincère. Je ne sais pas comment me retrouver.

***

10 février 2015, métro Snowdon, 20h30.

J’ai rencontré d’Artagnan. Oui, oui, le d’Artagnan des Trois Mousquetaires d’Alexandre Dumas: barbichette et moustache finement taillées, cheveux longs et noirs, regard à la fois perçant et doux. Aucun doute possible, j’étais bien assise en face de d’Artagnan et nous étions dans le même wagon, en route vers la station Montmorency.

Petit sourire aux lèvres, il a regardé par la fenêtre durant tout le trajet. On aurait vu tout un paysage défiler en regardant dans ses yeux noirs. Un paysage verdoyant avec des plaines, des champs, des vallées et des rivières à perte de vue.

J’ai rarement vu un sourire aussi serein. Il incarnait le bonheur et la joie de vivre. Est-ce qu’il a reçu une bonne nouvelle aujourd’hui ? S’en va-t-il retrouver Aramis et les autres ?

Son regard a fini par croiser le mien. Il y a lu mes interrogations et nous nous sommes souri comme si nous savions. Quoi ? Je ne sais pas. Et même si je le savais, je ne vous le dirais pas.

Un passager s’est mis entre nous, qui a interrompu ce moment de complicité privilégié entre présent et passé; ou plutôt entre réalité et imagination.

Il est sorti à la même station que moi, à Berri-Uqam.  Je crois qu’il a continué vers le terminus Honoré Beaugrand. Je l’ai laissé me devancer. Je ne voulais pas gâcher le moment, gâcher notre secret. Dans un murmure, je l’ai remercié de m’avoir redonné le sourire. Et je vous jure que j’ai cru entendre son rire.

Vous aussi, vous le rencontrerez peut-être un jour. Vaguant entre deux mondes, il apparaît lorsque nous avons besoin de quitter cette réalité. Il nous rappelle à la vie et relativise notre présent lorsque nous en avons le plus besoin.

***

 Avec ses bottes gothiques en cuir, son sac d’ordinateur à l’épaule, son long manteau sombre avec une sorte de tunique noire aux boutons d’argent en dessous, mon d’Artagnan des temps modernes devait plus probablement être un batteur « emo-punk » dans un groupe de rock alternatif. Mais moi aussi je veux sourire à la vie et avoir les paysages de mon chez-moi dans les yeux. Alors oui, j’ai bel et bien rencontré Charles de Batz-Castelmore, comte d’Artagnan dans le métro.

Bangui, l’inoubliable.

C’est une réminiscence d’un passé heureux, révolu. Nos sourires étaient jeunes mais tellement larges. Nous exhalions la joie de vivre. La ville nous appartenait, nous en connaissions les moindres recoins, nous riions et elle nous souriait en retour. Nous ne faisions qu’un.

Je me souviens que nous inventions des excuses pour nous retrouver au lycée quand nous n’avions pas cours. Tout y passait: des cours supplémentaires de sports aux séances de rattrapages, heures de colles et travaux de groupe… Notre grand complice était le gardien, Dimanche (paix à son âme) qui secouait simplement la tête lorsqu’il nous voyait tous nous retrouver puis partir dans le sens opposé au portail de l’école.

Toutes les dix minutes, les vendeuses de mangues de la Cathédrale voyaient descendre de la colline les élèves du lycée Charles de Gaulle, par petits groupes bruyants et chaussures salies par la latérite rouge. Nous cheminions dans cette ville (que dis-je ? dans cette vie) avec légèreté, suivant ses routes tortueuses, contournant chaque nid-de-poule, chaque crevasse de cette capitale tant verdoyante que poussiéreuse et brûlée par le soleil.

Nous nous cachions derrière les grands arbres et les murets de l’église dès que nous pensions avoir aperçu une voiture appartenant à l’un de nos parents. Tout en riant, nous tremblions tout de même sous l’effet de l’adrénaline, de la peur de notre faute découverte par l’autorité suprême : la mère.

Nous allions à l’Alliance Française regarder les répétitions du spectacle le plus attendu de l’année : le spectacle de la Saint-Valentin ! Nous y retrouvions nos amours. Et, en rentrant, nous faisions un détour à la chouiaterie du coin pour manger du michoui, puis nous prenions quelques beignets chauds chez la vendeuse béninoise du bord de la route.

Nous adorions ces heures de plaisir coupable, volées avec si peu de subtilité et tellement d’insouciance. Que voulez-vous ? après tout, nous nous revendiquions du Carpe Diem !

Et nous ne vivions que dans le présent; les uns pour les autres et les uns par les autres, nous criions notre solidarité sur tous les toits. Nous riions de nos rivalités avec les lycées voisins, alimentions rumeurs et histoires grotesques, nous, jeunes fanfarons du lycée français de Bangui.

C’était une vie simple, une vie de collégiens et de lycéens dans un pays ravagé. Mais la simplicité de ces moments de vie n’a fait que renforcer ce bonheur que nous ressentions. Nous avions peu, mais de ce peu nous fîmes de belles choses. Ce furent nos années folles, nos années douces et insouciantes. Nous étions Bangui, les enfants de la Centrafrique, Moléngué ti Béafrika !

« Le bonheur présent a un avantage sur tous les autres: il nous appartient. »

Résolutions.

« Je partis dans les bois car je voulais vivre sans me hâter, vivre intensément et sucer toute la moelle secrète de la vie. Je voulais chasser tout ce qui dénaturait la vie, pour ne pas, au soir de la vieillesse, découvrir que je n’avais pas vécu. » Robin Williams, Le Cercle des Poètes Disparus.

Nous sommes tellement obnubilés par le fait de grandir qu’on en oublie notre enfance, nos rêves, nos idéaux, notre vie, nous. On passe le quart de notre vie à rêver de la vie d’adulte, la moitié de cette vie à se prendre au sérieux en tant qu’adulte, et le dernier quart à repenser à cette jeunesse gâchée par ces rêves d’adultes.

Faire l’avion sur un muret, tomber, se relever, recommencer. Toucher un arbre, le sentir vivre du plus profond de la terre jusqu’au ciel, essayer de s’étirer comme lui, reconnaître sa supériorité. Retomber dans ses rêves d’enfance grâce à une odeur d’herbe coupée. S’émerveiller devant la forme des nuages. Vivre son humanité. Sentir. Ressentir. Le faisons-nous encore ?

Non. La société nous rappelle à l’ordre dès que nous quittons la boîte aux mille maux. Une espérance trop grande, une vie trop bien vécue et la société nous rappelle à l’ordre.  Et si nous comprenons que c’est instinctif et que l’Homme recherche toujours l’approbation de la masse, cet être oublie qu’il est éphémère. On a réellement qu’une seule vie, il vaut mieux la vivre comme étant la sienne.

Car le temps avance sans jamais se retourner. Chaque instant est unique et on ne peut plus revivre un moment passé. Apprenons à chérir chaque minute de notre existence. Pour cette nouvelle année je vous souhaite la vie. La vie sans regrets. La vie sans contraintes. La vie vécue pour elle-même.

Bonne année à tous et un grand merci à vous de me suivre !

« Dans la forêt, le chemin se sépare en deux, et là, je choisis toujours le moins fréquenté, et chaque fois je constate la différence. »

Romance de jeunesse.

« – Je… Je t’appelle parce que j’ai envie de revoir ton visage. C’est tout. C’est comme les gens qui retournent dans le village où ils ont passé leur enfance ou dans la maison de leurs parents… ou vers n’importe quel endroit qui a marqué leur vie.
– C’est comme un pèlerinage quoi.
Je me rendais compte que je n’avais plus la même voix.
– Oui exactement. C’est comme un pèlerinage. A croire que ton visage est un endroit qui a marqué ma vie. » Anna Gavalda.

 

Plus jeune, je vivais à travers mes livres. Non, je vivais dans mes livres. Puis j’en ai eu assez. J’ai fermé mon bouquin, j’ai levé la tête et j’ai arrêté de voir le monde à travers des œillères. J ai commencé à vivre, à faire des rencontres, à découvrir le monde. Toute une page s’est tournée. Depuis cette rencontre. J’ai vécu l’amour à la George Sand, tous ces livres romantiques se sont matérialisés sous mes yeux le temps d’une soirée.

Et il était beau, je ne vous mentirai pas. Parfum subtil mais viril, mains de fer, sourire éclatant, brillant par l’esprit, charismatique, drôle… Mon futur époux.

Lorsqu’il s’est présenté j’étais partagée entre  « embrasse-moi » et « la combinaison de ce pull Tommy Hilfiger bleu marine qui met en valeur tes magnifiques yeux gris et de ta plastique de rêve me met en émoi. Tu es comme un McFlurry après une longue journée embrasée, je n’attendais que toi pour me sentir enfin revivre. » Heureusement, je n’ai rien pu dire à part mon prénom mais je l’ai pensé très fort, moi, pauvre adolescente victime d’un coup de foudre dévastateur.

Et je me suis ridiculisée toute la soirée en essayant de jouer la jeune fille indifférente-serviable-souriante-intelligente-parfaite… Allez, on rentre le ventre ! On gonfle la poitrine ! On force le tout pour avoir une cambrure à la Beyoncé; le tout avec une pointe d’humilité et une culture digne d’une encyclopédie Larousse vulgarisée. R-I-D-I-C-U-L-E. Plus ridicule qu’on ne le pense lorsqu’on apprend que les cinq filles de la soirées jouaient à ce même jeu de rôle.

« We don’t pick who we fall in love with and it never happens like it should« , m’a-t-on dit par la suite. C’était ça. Tout ce blabla émotionnel qui t’évite de te sentir trop pathétique sur le moment.

J’ironise. Mais il était charmant et il en valait la peine à ce moment-là. Il le savait. Il en a profité. Les gens beaux attirent sympathie et confiance, il est impossible pour la conscience populaire qu’ils soient mauvais. Et pourtant…

Trahison. Trahison parfaite. Trahison amoureuse digne d’une tragédie grecque ! Tu nous as toutes embobinées, toutes embrassées. La même soirée. Nous étions des bobines de fil, tu étais un chat sournois au pelage gris.

Pourquoi m’as-tu fait ça ? Nous aurions pu vivre heureux, profiter de ces belles années d’université à deux, et de belles balades romantiques au Vieux-Port de Montréal. Nous serions allés en vacances à Cancun où tu m’aurais demandée en mariage devant un magnifique soleil couchant. Nous nous serions mariés au Canada, nos deux familles réunies à jamais, nous aurions eu des jumelles et un garçon… aux yeux gris. Pourquoi nous as-tu fait ça ? Pourquoi as-tu préféré renoncer à la passion plutôt que d’y succomber ?

Et ton visage a marqué ma vie.  Tu m’as donné l’envie de découvrir le monde par moi-même, d’oublier un instant les histoires d’amour romanesques. Tu m’as donné l’envie de vivre par moi-même et pour moi-même. Au diable la passion de l’Autre ! Je ne suis qu’Amour de moi ! Aimez-moi, je ne m’en aimerai que mieux !

Je t’ai longtemps haï mais finalement, je te remercie d’avoir traversé ma vie, juste le temps d’un baiser.

Et quand je me relis, je me dis que j’ai quand même de la chance: j’ai connu l’amour à travers le regard et les lèvres d’un bellâtre aux reflets gris… Dramatiquement romantique et intensément psychotique… Tout ce que j’aime.

 

Je ne t’oublierai jamais… Même si, désormais, je viserai les hommes avec le charisme d’un bâton de céleri. C’est bien plus prudent.

Ce blog, ce café est ma thérapie. Un collage de ma vie passée, présente et future. Attablée à la terrasse d’un café je me raconte et je m’apprends. Asseyez-vous un moment et laissez-moi vous emporter.

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