Lettre ouverte.

À vous Madame aux cheveux châtains et libres de tous frisottis que j’ai croisée un matin dans le métro ligne bleue, j’adresse aujourd’hui ce message. Il vous est également destiné, madame son amie rousse, coupable d’un hochement de tête (in)volontaire.

Vous êtes montée dans le métro à la station Acadie avec votre amie rousse, souriante, lancée dans une conversation passionnante au sujet du chat d’un voisin. Puis, vous m’avez vue. Pardon, vous nous avez vus, moi et mes cheveux encore humides de mon shampoing matinal. Et, debout en face de moi, la tête tournée vers votre amie, vous avez émis ce commentaire :

 

« Comment elle peut sortir avec les cheveux comme ça, ça fait sale ! Moi au moins quand mes cheveux sont mouillés ils sont lisses, attachés en chignon et ça fait beau, un peu wild et sexy ! »

 

Sacrilège ! Insinuez-vous que parce que mes cheveux ne correspondent pas aux standards de beauté du XXIème siècle ils ne sont pas beaux ? Mais, madame, qui êtes-vous pour me juger ? Qui êtes-vous pour décider de ce qui est beau ou pas ? Par votre bêtise et votre intolérance vous m’avez semblé plus laide que quiconque à ce moment précis.

Vous-même avec votre embonpoint, vos sourcils épais, les tâches de rousseur de votre amie, ses dessous de bras velus, pensez-vous correspondre aux standards de beauté imposés dans les magazines occidentaux ? Non, je ne pense pas. Ni vous ni moi n’y correspondons.

Mais oui madame, j’ai les cheveux crépus. Et, comme vous, je suis parfois en retard et j’ai besoin de les sécher. En quoi cela serait-il différent de vous ? Est-ce que vous tournez une pub à la « L’Oréal, parce que je le vaux bien à chaque fois que vous faîtes un shampoing » ?

Et puis si vous voulez le savoir, j’ai aussi de petits bourrelets, un nez légèrement empâté, des mollets et chevilles inexistants, des lèvres plus épaisses que les vôtres. Mais je n’aspire pas à ressembler à Eva Longoria. Et ça ne m’empêche pas de me faire aborder par de belles personnes.

 

Vous avez dû voir tout ce beau monologue quand vous avez croisé mon regard. Vous aviez l’air gênée et agacée.

Je vous ai regardée droit dans les yeux et je vous ai souri. Parce que je suis un peu trop bien élevée. Parce que je descendais à cette station. Et parce que je suis magnifique quand je souris quel que soit le standard de beauté qui fait votre référence.

Bien à vous,

Aissa B. D., différente, cheveux crépus bien mouillés, et fière.

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Sur-vie.

Nous avons tous un rôle à jouer. Nous sommes nés, nous avons conscience de notre existence, nous avons conscience que notre temps est limité. J’estime que le but de toute vie est l’évolution, l’amélioration du système par l’entité infinitésimale que nous sommes.

Pendant plusieurs années je n’ai fait que vivre et survivre, impersonnelle, faible et basse au point de me laisser aller dans la stabilité, qui n’est que de la médiocrité déguisée.

En Centrafrique, j’ai entendu la phrase « Il est mort mais c’est pas grave, il n’était pas bon, il n’a jamais rien fait, c’est clair qu’il attendait la mort. »

Depuis, je me réinvente chaque jour. Je sur-vis.

Sur-vivre. Voilà le but de tout être. Savoir se dépasser, se réinventer, sortir de l’ordinaire, laisser une trace, même minime.

J’ai choisi de sur-vivre du mieux que je peux. Je pense être sur la bonne voie. J’espère. Et je dois mon évolution aux personnes qui m’entourent. J’estime que chaque rencontre est une expérience unique et un don inestimable. J’ai bien plus appris en rencontrant des personnes de différents horizons qu’en lisant des romans dans mon salon. Je ne vous remercierai jamais assez.

Et si il arrive que l’on ne puisse pas atteindre ses objectifs de la manière dont on a rêvé, cela ne signifie pas qu’il faut tout abandonner. Il suffit simplement de changer de route. La persévérance est mère de toute chose.

C’est facile à dire, je sais, j’ai souri en écrivant.

Ceux qui connaissent mon ego surdimensionné seront étonnés par cette phrase mais: sachez demander de l’aide. Ça ne coûte rien. Et attention, le fossé est grand entre un conseiller ou un mentor et un marionnettiste. Ne laissez jamais qui que ce soit prendre des décisions à votre place. On n’a qu’une seule vie, autant vivre la sienne :

« Tu es le maître de ton destin, et le capitaine de ton âme ! »

En bref, vivez et sur-vivez, voyez plus grand, plus haut, plus loin, oubliez le statu quo, innovez… Et ce ne sont que mes mots. Quels seront les vôtres ?

 

 

Citoyenne du monde.

 » Tu es haïtienne ou africaine ? Ah c’est beau le Sénégal ! Comment ça se fait que tu parles aussi bien français ? Ah bon, tu es française ? Tu as vécu combien de temps en France ? Ah, tu n’as jamais vécu en France… Comment ça se fait que tu sois française alors ? « 

Sourire de circonstance. Si vous avez déjà été dans cette situation, vous comprendrez ma peine. Si non, imaginez.

En pleine mondialisation et bien après les décolonisations, je m’étonne vraiment du fait que beaucoup de personnes pensent encore qu’un Noir qui parle sans accent prononcé est un immigrant et un déraciné, qu’un Asiatique est obligatoirement un Chinois, qu’un Français doit être Blanc, sinon c’est un étranger nationalisé etc.

Messieurs-dames, sachez qu’en France comme ailleurs il y a le droit du sol ET le droit du sang ! Malgré ma couleur marron (« noir » me semble un peu fort, je ne pense pas ressembler à Coco de Tintin au Congo), celle de mes parents et de mes arrière-grands-parents je suis française de nationalité et sénégalaise d’origine. Deux notions complètement différentes.

Étrangement, c’est à Montréal, ville cosmopolite, que cette conversation est le plus souvent revenue. Les premières fois, je répondais patiemment et gentiment (au risque d’avoir à expliquer mon arbre généalogique), en mettant cela sur le compte de l’ignorance. Mais cela soulevait plus d’interrogations que de compréhension. Apparemment, il faut absolument choisir : « mais toi, tu te considères comme étant sénégalaise ou française ? ». Rire silencieux de circonstance, je sens ma main qui me démange. Pourquoi ce besoin impérieux de choisir ? Le nationalisme n’est pas mort, il a juste changé de forme.

Bref ! Désormais, je suis donc une « citoyenne du monde ». À l’aise partout mais réellement acceptée nulle part. Après tout, au Sénégal, je suis une « vacancière », en Centrafrique comme au Canada je suis une « étrangère » et en France, je manque de « souche ». Et cette réponse est apparemment beaucoup plus satisfaisante pour les Montréalais ! « Asti que t’es drôle ! Ça existe pas un citoyen du monde ! Hahaha. Ça me fait penser au sketch de Untel sur… » J’ai souvent donné cette réponse et ça s’est presque toujours conclu sur une discussion sur l’humour !

Conclusion: si vous êtes fatigués de lutter contre les idées reçues, faites de l’humour ! Parlez-en dans un blog et partagez-le aux personnes fermées d’esprit qui vous entourent !

 

Désir.

J’aimerais me réinventer,  rire, pleurer, m’énerver sans retenue. J’aimerais me retrouver.

J’ai besoin de faire quelque chose, d’entreprendre quelque chose et quelque chose de différent. Quelque chose dont je serais fière, qui me fera avancer, qui changera les choses, qui me passionnera… et qui marquera les esprits. Je suis une passionnée.

Je veux sentir à nouveau ces papillons dans le ventre à quelques minutes de l’accomplissement d’un projet, cette boule au ventre qui te vide de toute ton énergie au moment où tu as besoin de réunir toutes tes forces.

Je suis à la recherche de mon autre « moi », cette Atlantide disparue au fond de moi qu’il me faudra des années à retrouver.

Réflexion.

« Admit it. You aren’t like them. You’re not even close. You may occasionally dress yourself up as one of them, watch the same mindless television shows as they do, maybe even eat the same fast food sometimes. But it seems that the more you try to fit in, the more you feel like an outsider, watching the “normal people” as they go about their automatic existences. For every time you say club passwords like “Have a nice day” and “Weather’s awful today, eh?”, you yearn inside to say forbidden things like “Tell me something that makes you cry” or “What do you think deja vu is for?”. Face it, you even want to talk to that girl in the elevator. But what if that girl in the elevator (and the balding man who walks past your cubicle at work) are thinking the same thing? Who knows what you might learn from taking a chance on conversation with a stranger? Everyone carries a piece of the puzzle. Nobody comes into your life by mere coincidence. Trust your instincts. Do the unexpected. Find the others. »

Timothy Leary