Notre histoire a un goût d’amertume.
Voyez-vous j’aime trop. Surtout en amitié. Pour moi, l’amitié est la forme ultime du lien avec l’Autre. Rencontrer une personne, savoir dès le premier regard que vous êtes différents des autres, tisser des liens sans même avoir à parler, deviner les émotions de l’autre, le serrer dans ses bras comme on protègerait un jeune enfant, voilà le véritable Amour.
On ne choisit pas sa famille, on choisit ses amis disent-ils ? Non, on ne choisit pas ses amis, je ne suis pas d’accord. Le cœur et l’âme s’accordent en amitié ; c’est l’ultime forme d’amour, ce ne peut pas être un simple choix. C’est l’amour à l’état pur, sans conditions. Qui peut mieux parler de haine et de trahison que celui qui a été déçu par un ami ? William Blake a d’ailleurs dit « ton amitié m’a souvent fait souffrir ; sois mon ennemi, au nom de l’amitié.«
Et toi. Oh toi. Je t’ai perdu parce que je t’ai trop aimé. Tu m’as pris pour acquise, tu as joué avec mes sentiments. Tu savais que je serais toujours là pour toi. Moi, dont l’âme ne vit que pour ses amis. Alors tu as commencé à oublier mon existence, comme une plante devant une fenêtre. Une plante dont on se souvient uniquement quand elle meurt et qu’on se rend compte qu’elle égayait vraiment la pièce.
Ah toi. Je t’ai mis sur un piédestal tellement élevé que quand je t’ai poussé à en tomber tu as entraîné une partie de moi avec toi. Oh tu ne pouvais pas le savoir, je te comprends si bien. Tu ne l’as pas fait exprès. Ce n’est pas de ta faute.
Mais sache que je ne t’en veux pas. Tu t’es protégé de ce trop-plein d’amitié (d’amour ?) comme tu l’as pu. Pardonne-moi de t’avoir aimé comme ça. Pardonne-moi de m’avoir fait perdre le meilleur ami que tu étais. Pardonne-toi de m’avoir blessée si souvent. Pardonne-toi de m’avoir laissé me faner à l’ombre de ton dédain. Pardonne-toi, Pardonne-moi.
C’est dans un sursaut d’amertume, alors que je repensais à notre amitié perdue, que je t’écris ces quelques lignes. En espérant qu’un jour la blessure que tu as faite à mon âme se refermera d’elle-même.