« Mon histoire n’est pas de ces histoires passionnantes ou tristes dont on ne se souvient plus après avoir tourné la dernière page du livre. Mon histoire est une larme et un cri du cœur, mon histoire est un petit bout de vie, un début et une suite. Mon histoire a été, est et sera. Écoutez mon histoire, vous comprendrez. »
Puis elle m’a dit la brûlure de leurs mains sur sa peau tandis qu’elle se débattait.
Elle m’a raconté leurs rires, l’odeur de leurs joints et de la sueur sur les vêtements qui lui restaient.
Ils lui ont fait très mal. Elle a vécu tant de guerres, tant de rébellions là-bas, qu’elle pensait que l’occident l’avait sauvée. Elle a ri, puis pleuré, puis ri à nouveau. Elle m’a dit sa douleur plus jamais éteinte.
Elle m’a raconté le cri d’un passant, le temps qui s’accélérait, sa fuite éperdue mais vers où ? et pourquoi ?
Elle m’a alors dit la beauté des choses qui les entouraient, ce tableau vivant et immobile pourtant. Elle m’a raconté l’Immortalité de ces choses, leur immuabilité, le fait que la vie continuait autour de ces trois hommes euphoriques et de cette femme blessée. Et elle m’a dit qu’on a deux vies, et que la deuxième commence quand on se rend compte qu’on en a qu’une.
Elle m’a raconté sa peine sur la terrasse du Café du Nouveau Monde, une larme encore accrochée à sa tasse d’Arabica.